Présentation pour une formation d'AVS
DYSPRAXIE ET SCOLARITE RÔLE DES AVS
Dans le mot dyspraxie il y a le préfixe dys : difficile à faire
A faire quoi : une praxie :
Qu’est ce que la « Praxie »Dans la vie quotidienne
C’est « le savoir faire « d’un geste volontaire, non spontané, issu d’un apprentissage et en lien avec un environnement culturel
Ex : manger avec une fourchette et un couteau, s’habiller, faire ses lacets, faire du vélo, apprendre à conduire,
Par contre la respiration est un geste involontaire inscrit génétiquement. On dit que c’est un geste spontané.
Prenons par exemple un geste simple du quotidien :
manger avec une fourchette et un couteau
Revoyons l’image du nourrisson avec ses premiers pots de blédine
Au début il faut prévoir plus que la quantité nécessaire
En effet une cuillère dans le nez, une autre dans l’oreille, une cuillère dans le menton
On dit que Bébé fait son apprentissage
Plus grand ,Il apprend ensuite a se servir d’un couteau et d’une fourchette comme d’autres apprennent d’ailleurs à se servir de deux baguettes
Au bout d’un certain temps d’apprentissage une puce programmée va se mettre en connexion avec la carte mère du cerveau dès que vous allez vous assoir à table pour manger
Dans cette puce il y a de très nombreuses informations qui s’adaptent automatiquement en fonction de l’environnement sans que vous ayez besoin d’y réfléchir
L’amplitude du geste sera différente que vous soyez assis dans une brasserie bondée, ou le geste est étriqué ou dans votre salle à manger , ou vous serez plus a l’aise dans vos mouvements
De même que la force exercée pour couper un morceau de viande n’est pas la même que celle pour découper un flan de légumes
Enfin Le volume de tension des muscles de votre bras de votre avant bras, de votre poignet s’adapte en fonction du poids d’aliment chargés dans votre cuillère ou sur votre fourchette
Si çà va trop vite par exemple au restaurant vous pourriez(comme dans un gag de l’humoriste « SIM « envoyer (les petits pois dans le décolleté de votre voisine de table.
Par contre si ça va trop lentement vous avez l’air d’un « Paresseux » qui mange une feuille d’Eucalyptus
Eh bien pour le dyspraxique ce sont toutes ces stratégies qui sont difficiles à mettre en œuvre parce qu’il y a des bugs dans le programme
Chez le dyspraxique c’est un problème d’outil. il comprend bien comment faire mais l’outil qu’il met en place n’est pas fiable
Par exemple quelquefois il va essayer de couper sa viande avec le couteau sous la fourchette et non devant
Quelquefois il ne va pas apprécier la force à mettre en œuvre pour couper un morceau de viande.il va trop forcer et généralement, le morceau dérape et atterrit avec la sauce sur la nappe et comme il veut vite réparer son erreur, mais qu’il n’a pas une bonne gestion de l’espace il se précipite et il renverse son verre
« les anglais parlent de clumsy childs » les enfants maladroits
C’est un peu ce qui se passe lorsqu’il est en classe :il commence à écrire le cours ,sans en comprendre le sens puisqu’il est concentré sur la calligraphie des mots. C’est la difficulté du dyspraxique qui n’arrive pas à dégager suffisamment de ressources attentionnelles
pour accéder au sens des mots , à l’orthographe ,à la synthèse.
il n’a pas accès à la double tâche car toute son attention est concentrée sur l’écriture. a un moment il va décider d’écouter plutôt que d’écrire mais il a perdu le fil et c’est pire encore. Au final il n’a pas écouté, et son cours se transforme en brouillon souvent illisible et surtout incompréhensible
Revenons à la parabole du repas Au final, il se fait engueuler deux repas sur trois
Néanmoins, comme la capacité intellectuelle de l’enfant dyspraxique n’est pas altérée, Son cerveau va lui proposer des stratégies de compensation
Puisque le trajet qui va du plat à la bouche est périlleux, il suggère à l’enfant dyspraxique de raccourcir ce trajet. ce qui en soi est logique
L’enfant va donc se rapprocher de l’assiette, en écartant les bras, et puisque l’outil est difficile à manier il lui suggère de pousser avec les doigts sur la fourchette
et cette fois oh miracle ça va nettement mieux !!!
sauf que l’environnement culturel le rappelle à l’ordre et lui dit qu’ il mange comme un cochon
c’est exactement ce qu’il va ressentir à l’école lorsque la maitresse qui ignore encore le diagnostic va faire des remontrances à l’élève sur son écriture malhabile, raturée et souvent illisible. Et pourtant Dieu sait qu’il s’est donné beaucoup de peine
pour rendre ce torchon !!
Maintenant !!! Imaginons que notre enfant dyspraxique soit né dans une tribus « Peul » pour ceux qui suivent l’ émission
« en terre inconnue »
, tout est différent .
Chez les « Peuls » l’ activité sociale est limité a l’élevage des zébus
En ce qui concerne les repas, Les Peuls , de religion islamique mangent avec la main droite qui pousse les aliments directement du plat vers la bouche
pour notre dyspraxique ce serait merveilleux car sa difficulté deviendrait pour le coup une compétence
En clair Dans le milieu scolaire ordinaire, ces élèves apprennent autrement en mettant en place des stratégies de contournement,
Veillons donc à ne pas détruire brutalement ce qu’ils ont mis du temps a adapter, même si cette adaptation ne vous parait pas conventionnelle aux normes attendues
Aidons-les plutôt à adapter l’environnement scolaire à leur savoir faire à eux et à leurs compétences.
par exemple (moins d’écrit qui reste toxique mais plus d’oral)
Facilitons leur le parcours scolaire en leur faisant utiliser le clavier le plus tôt possible pour pallier une forte dysgraphie
Ce qui leur permet d’accéder à la double tâche
Militons pour un accès aux fichiers numériques pour des élèves qui ont des troubles d’organisation du regard et des troubles des informations spatiales, les empêchant de repérer les informations pertinentes sur une page standard de manuel scolaire.
Assurons nous qu’ils ont compris la consigne avant de conclure trop hâtivement qu’ils
Sont toujours à côté de la plaque
Si la dyspraxie pourrait passer inaperçue au moment des repas, dans une tribu Peul ;il n’en serait pas de même en ce qui concerne la traite des zébus . On l’aurait très certainement écarté de cette activité après avoir constaté qu’il renversait du fait de sa maladresse régulièrement la biche à lait
Par contre comme toute l’éducation et les consignes chez les peuplades « Peuls » passent par la voie orale il n’aurait eu aucun problème d’accès à la connaissance
Pour lui il aurait donc très certainement trouvé sa place dans la société à une autre fonction comme meneur de troupeau par exemple et il aurait mené une vie paisible chez les peuls qui mangent rarement de la viande, marchent souvent pied nus sans avoir à lacer de chaussures
En effet nos enfants dys a des degrés moindres ,resteront dys toute leur vie durant
c’est la raison pour laquelle il est nécessaire de repérer très tôt les compétences sur lesquelles on pourra s’appuyer pour aider ces enfants a trouver plus tard l’employabilité la plus pertinente
En quelque sorte , avec eux et j’allais dire avec tous les élèves en situation de handicap, il faut apprendre à DYStinguer leurs talents et DYScerner leurs difficultés.vous pouvez y contribuer
Dans vos relations avec nos enfants
Enfin si si vous n’avez pas idée des efforts et de la difficulté que cet enfant a pour manger proprement, vous allez vers des tensions permanentes, à tous les repas
l’enfant dyspraxique va adopter des stratégies d’adaptations qui ne seront pas particulièrement bénéfiques pour lui.il va décider par exemple qu’il n’a
ime plus la viande
Comme ça le problème est reglé.de toute façon il en a marre de se faire engueuler en permanence, de batailler pour couper sa viande, pour finir par la manger froide avec dégout
si on n’y prend pas garde, a l’école il va décider que c’est plus la peine de s’investir dans une matière qui ne lui apporte aucune satisfaction. il ne progresse pas malgré des révisions , des aides, et du temps passé . il faut donc l’aider à accéder à la consigne pour qu’il puisse au moins restituer ses acquits ce qui constituerait une juste récompense, sinon il va lâcher prise
pour ces élèves dont la fatigabilité est importante, il est nécessaire d’aller à l’essentiel et de les libérer des compétences périphériques afin qu’ils puissent se concentrer sur les tâches de haut niveau. cela passe obligatoirement par une pédagogie adaptée et des exercices aménagés
et si cette situation perdure encore, un beau jour il vous envoie l’assiette par la figure
il en a ras le bol c’est le cas de le dire ; et puis de tout façon il n’y arrivera jamais,
puisque personne ne veut comprendre qu’il essaie de faire des efforts
il ne veut plus rien entendre de qui ce soit
et malheureusement, cela peut déboucher alors sur des problèmes du comportement social, qui ont des répercussions sévères sur son image de soi
et peut aller jusqu’à la dépression avec des conséquences plus graves encore
pour conclure je voudrais remercier, vous : les AVS et les enseignants qui accompagnent nos enfants dans ce parcours du combattant.
Si les enseignants référents sont la cheville ouvrière des dispositifs d’aménagements adaptés , les enseignants et les avs qui prennent la peine de s’investir auprès de nos enfants constituent la clef de voute du système du maintien dans l’école ordinaire ; car au-delà de votre aide et de vos compétences, vous êtes leur soutien psychologique, qui va leur permettre de traverser quelquefois un océan de difficultés. Vous êtres plus crédible que nous les familles qui ont tendance et c’est naturel à sur protéger nos enfants.qui en sont conscients
Certes vous leur apportez des aides précieuses dans les aménagements spécifiques au quotidien mais on pourrait se poser la question de savoir siles efforts de l’école doivent s’articuler uniquement sur la réussite scolaire. vous pouvez leur apporter une autre image de l’école que ce moule pour lequel ils ne sont pas bien adaptes
Pour peu que vous soyez à l’écoute de ces enfants, vous leur apportez une aide encore plus précieuse qui va au delà des compétences scolaires qui est celle de l’épanouissement
Grâce à votre soutien vous participez à maintenir chez eux cette flamme, ce sentiment de réussite possible qui leur permet de poursuivre leurs efforts malgré des échecs répétés
tout particulièrement sur cette période du collège jusqu’au lycée ou l’adolescence les fragilisent encore plus
Grâce à vous ce sera un peu moins de souffrance et de révolte pour des enfants qui ont trop souvent comme seul acquis scolaire, un sentiment d’incompétence
la loi de 2005 garantit l’égalité des chances pour ces élèves en situation de handicap. J’ajouterai volontiers que l’égalité des chances , cela passe avant tout par une bonne compensation des malchances
Dans votre mission d’avs vous y participerez largement
et à ce titre au nom des familles je vous en remercie par avance
J’en terminerai avec cette maxime d’Albert Jacques
Réussir est devenu l’obsession générale de notre société.
Il est pourtant clair que la principale performance de chacun
est dans sa capacité à participer à l’intelligence collective,
à s’insérer dans le nous, celui-ci étant plus riche
que la somme des « je » dans laquelle
L’attitude compétitive enferme chacun
Par Jean-Louis Audibert, représentant de l’association Dyspraxie France Dys 42
