Au Mind flex duel, Margaux (à gauche) l’emporte sur Anthony quand il faut énumérer l’alphabet plutôt que de compter les nombres. © Photo Nicolas Le Lièvre
Hier, des ateliers de création étaient organisés lors du salon Mont-de-Marsan Sculptures.
Jean-Louis Hugon
A l’occasion de la 10e journée des Dys, l’association landaise Dyspraxie France Dys 40 (1) organisait hier à Mont-de-Marsan une rencontre sur le thème « La culture pour tous ». Pendant que les parents allaient visiter en ville l’exposition Mont-de-Marsan Sculptures, qui se termine aujourd’hui, leurs enfants s’initiaient à des pratiques artistiques. Souffrant d’un trouble cognitif spécifique qui les empêche de coordonner gestes et actions précises, ces enfants étaient pris en charge par la Ville et l’association Fabriques alternatives, au sein d’ateliers qui les ont enthousiasmés.
Le « Brain computer interface » (BCI) par exemple, se joue à deux sur un appareil électronique Mind flex duel. Chacun, avec un casque neuronal portant une électrode, doit essayer de se concentrer au maximum. L’appareil enregistre ces efforts neuronaux et convertit leur énergie sur un chariot qui, posé sur la table entre les deux joueurs, avance vers celui qui se concentre le moins. Au-dessus du chariot, une boule de mousse conjugue la concentration additionnée des deux, montant et descendant à la verticale.
« Cela mérite 20 sur 20 »
Le BCI a donné lieu à des parties disputées et difficiles à interrompre. Dans un premier temps, c’est Anthony, 16 ans, qui l’emporte. « J’ai pensé au générique de la série TV Doctor Who, que j’aime beaucoup », dit-il en riant. Margaux, en face de lui, 14 ans, n’a pas pu puiser la même énergie dans sa chanson préférée. « Maintenant, on va changer de thème », dit Angélique Coubard, de l’association Fabriques alternatives, praticienne en neurofeedback. « Vous n’allez plus penser à votre musique préférée, mais vous allez simplement compter : 1, 2, 3, etc. » A ce jeu-là, c’est encore Anthony qui gagne. « Normal, dit Margaux, je suis plus littéraire que mathématique. » Angélique change encore la règle : « Maintenant vous allez réciter l’alphabet dans votre tête, en remontant depuis le Z vers le A. » Effectivement, le matheux est débordé par la littéraire, plus facilement concentrée sur les lettres que sur les chiffres.
« Cet appareil mérite un 20 sur 20 », s’exclame Anthony, tandis que Margaux cherche un autre thème pour jouer. Autour d’eux s’est formé un cercle de curieux impatients de participer à ce « jeu ». « C’est très attrayant pour les enfants dyspraxiques, note Angélique, parce qu’ils pointent ainsi du doigt quelles sont leurs capacités et sur quelles compétences ils peuvent s’appuyer pour affiner leur concentration. Plus développé, cet appareil pourrait permettre aux indécis de détecter quel métier ou quelle occupation leur convient le mieux. » Une belle déclinaison du progrès technique.
Petit Marvin en amidon de maïs
À l’atelier impression en 3 D, on passe à tout autre chose. « On se repose le cerveau », explique Frédéric Coubard, président de Fabriques alternatives. « Il s’agit de faire analyser un objet, en l’occurrence la tête d’un petit personnage pour porte-clefs, Marvin, par un logiciel. Le trancheur le découpe virtuellement en un certain nombre de couches, qui sont enregistrées dans une carte mémoire. »
La carte est ensuite insérée dans une imprimante en trois dimensions, et cinq minutes plus tard, un petit Marvin, en bioplastique à base d’amidon de maïs, apparaît sur la console métallique de la machine. Frédéric aide les ados à manœuvrer le logiciel, mais cette technologie permet à des personnes pas trop manuelles de se convertir en créateurs et surtout de matérialiser une œuvre de leur esprit. Le résultat final le prouve.
D’autres ateliers étaient proposés à la vingtaine d’enfants inscrits à cette journée. Laisser parler les ombres, où il fallait, derrière un rideau blanc éclairé par un projecteur, se mettre à la place d’une statue pour exprimer diverses émotions : joie, tristesse, colère… « Tu t’es regardé ? » permettait d’exprimer, en argile, son propre portrait, abstrait et déconstruit, à la manière du cubiste qui décompose tous les traits du visage. Des œuvres étonnantes.
(1) L’association Dfd 40 est à l’origine de la création, à l’hôpital de Mont-de-Marsan, d’un Centre des troubles des apprentissages, permettant de détecter des enfants de 4 à 14 ans souffrant de dyspraxie. Une unité similaire est en cours de création, pour le printemps prochain, à l’hôpital de Dax. Contact : dfd40@dyspraxies.fr ou 06 86 40 95 12.